En ce mois d’août 2014, au milieu des diverses commémorations, il en est une qui est passée sous silence, une qui revêt pourtant une importance toute particulière dans le monde des collectionneurs de voitures au 1/43ème, c’est le dixième anniversaire de la disparition d’André-Marie Ruf.
Si de nombreuses marques de voitures miniature, disparues ou actuelles, sont rentrées dans la postérité, on a le plus souvent oublié que derrière ces marques, se cachent des hommes, des passionnés. L’histoire n’a retenu que quelques personnages emblématiques. Parmi les Franck Hornby, Emile Véron, et John Day, il y a André-Marie Ruf.
Nous avons consacré un dossier sur la légende d’AMR, mais il est utile, en cet anniversaire, de revenir sur l’homme sans doute le plus controversé de l’histoire des miniatures.
C’est Anthony Ruf, son fils, qui souligne le mieux le caractère et la carrière chaotique de son père.
Il en ressort qu’André-Marie Ruf , n’était pas un affairiste, en ce sens qu’il n’avait pas le sens des affaires. Lorsque la poignée de main suffit à sceller un contrat, on s’expose nécessairement aux profiteurs et aux filous. Sa vie aura été cela mais cela n’aura pas été sa vie. Sa vie, celle qui nous intéresse, c’est celle de l’artiste.
L’artiste ;
Le monde de la voiture miniature est composé depuis l’origine, que l’on peut situer vers 1930, d’industriels et d’artisans.
Les industriels sont les plus connus : Dinky toys, Solido, Norev, Spark…
Les artisans restent le plus souvent confidentiels et éphémères, ils sont présents dans le domaine du kit et des modèles montés, généralement de grande qualité.
Puis un jour, émerge un artiste, c’est André-Marie Ruf. Ce qui diffère l’artiste de l’artisan est un grand classique des cours de philosophie. Je ne vais pas disserté sur ce thème mais selon moi André-Marie Ruf était plus qu’un artisan. Son approche du modélisme avait quelque chose d’artistique.
Il disait « cette voiture, moi je la vois comme ça » un siècle plus tôt Paul Gauguin écrivait « Comment voyez-vous cet arbre ? Vert? Mettez-donc le plus beau vert de votre palette; et cette ombre? Plutôt bleue? Ne craignez pas de la peindre aussi bleue que possible ».
L’interprétation, c’est le propre de l’artiste et André-Marie Ruf interprétait. La courbure d’une aile, la dimension d’un aileron, la largeur d’une roue… l’homme interprétait, « trichait » comme il aimait à le rappeler. Ses miniatures sont des interprétations, là où l’artisan va reproduire au plus juste, lui nous offre une vision, une transcription d’une automobile proche de l’échelle du 43ème.
Voilà ce qui a guidé André-Marie Ruf pendant près de 30 années, jusqu’à ce 1er août 2004 où la maladie l’a emporté. Je ne sais comment il voyait le ciel mais depuis 10 ans il l’interprète à sa manière.
Il nous a laissé les AMR, ses oeuvres d’art, objets culte de la miniature.